Les conditions de la réussite scolaire en Seine-Saint-Denis (Plan d’urgence), extraits d’un rapport datant de 1998.

Rentrée scolaire catastrophique en 2014, lente dégradation des conditions d’enseignement et d’apprentissage depuis plusieurs années, discriminations territoriales accrues, carence de personnel, absence de réelle réformes des rythmes scolaires sur l’ensemble de l’année, suppression de la formation des enseignants et suppression de milliers de postes sous Sarkozy, le système scolaire est à bout de souffle et il se meurt dans le département.

Ci-dessous des extraits d’un rapport commandé par le ministre en 1998, Claude Allègre et la (déjà) ministre déléguée Ségolène Royal sur les conditions de la réussite scolaire en Seine-Saint-Denis.

Constat cruel, 16 ans après, on peut tirer les mêmes conclusions. Du Manifeste (dionysien) pour l’Education au Ministère des bonnets d’âne.

Extraits du rapport Fortier :

L’objectif de la deuxième partie « Propositions » est de constituer un plan d’action cohérent -dont les éléments soient cependant dissociables- afin d’assurer au système éducatif de la Seine-Saint-Denis, en 5 ans, les conditions d’un niveau de performances au moins équivalent aux résultats nationaux.

L’augmentation des moyens, demandée à l’Etat, constitue une revendication traditionnelle des acteurs confrontés aux difficultés et handicaps du département. Elle est indispensable, mais ne saurait répondre seule à la complexité des questions posées.
La logique des standards qui régit l’Education nationale, entretenant les discriminations sociales au lieu de les corriger, atteint en Seine-Saint-Denis les limites de l’inacceptable : qu’il s’agisse de l’allocation des moyens figée par des barèmes, qu’il s’agisse de la gestion des personnels « à l’ancienneté », qu’il s’agisse de l’activité pédagogique elle-même normalisée, qu’il s’agisse des mécanismes d’orientation ou de la cartographie des filières d’orientation, l’institution maintient un système formellement égalitaire qui ne permet pas -malgré quelques pondérations ici ou là- de mettre en oeuvre les dispositions d’envergure qui seraient nécessaires pour prendre réellement en charge la grande difficulté scolaire et conduire tous les élèves sur les voies de la réussite.
Le département de la Seine-Saint-Denis, parent pauvre d’une académie de Créteil qui est elle-même le parent pauvre de la région Ile-de-France, doit être le lieu d’un investissement éducatif particulier qui l’inscrive très vite dans un processus visible de développement.

Les propositions ci-après constituent un projet de plan départemental de relance, pour 5 ans ; elles s’organisent autour de trois grands objectifs visant à promouvoir le service public d’éducation en Seine-Saint-Denis :
– améliorer l’organisation et le fonctionnement internes de l’Ecole : dans le domaine de l’enseignement, une action volontariste spécifique sur la scolarisation à deux ans et un pari général sur les technologies visent à redresser la situation scolaire, et d’abord à rendre l’école attractive pour les élèves et pour les personnels,
– renforcer le lien avec les familles, l’écoute et l’expression des élèves : dans le domaine de la relation avec les citoyens-usagers de l’Ecole, une action de responsabilisation permettra de mieux partager autour des établissements le sens et les valeurs de l’éducation,
– développer et trouver de nouvelles formes de partenariats : dans le domaine du partenariat, un engagement a priori de l’Etat sur certains programmes développera une meilleure coordination interministérielle et de nouveaux engagements avec les collectivités territoriales de la République.
La mise en oeuvre de l’ensemble des propositions nécessitera par ailleurs que soit expérimentée une nouvelle forme de « management » plaçant la prise de décision au plus près des élèves et des établissements ; sans la réalisation de cette condition dont on exposera les principes d’organisation, l’impact des mesures envisagées risquerait d’être considérablement atténué voire annulé. En ce qui concerne notamment les personnels en poste dans les écoles et les EPLE, dont le taux de rotation est plus que préoccupant, une disposition expérimentale et dérogatoire à la hauteur des efforts demandés s’impose : le rapporteur propose une forte valorisation des années passées dans le département pour l’avancement de carrière.
Le rapport complet : Rapport sur les conditions réussite scolaire dans le 93